Crédit XO |
Xo est un groupe de pop folk bien ancré dans le paysage musical rouennais. Leur premier EP (Extended Play : format plus court qu’un album) How Will You Spend Your Time est sorti en 2016. Sylvie et Grégory sont des artistes indépendants, engagés et passionnés, qui vont au bout des choses. Ils aiment partager, et ont des idées et des projets plein la tête.
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Xo, le nom de votre groupe n’est pas anodin, d’où vient-il ?
Gregory : D’une rencontre musicale avec le chanteur Elliott Smith. Je l’ai découvert il y a dix ans. A l’époque, j’étais étudiant au conservatoire et je jouais dans un groupe de pop indépendante, Maarten. Cela a été un vrai coup de cœur. Le nom du groupe vient du titre d’un de ses albums.
Sylvie : En ce qui me concerne, il y a un avant et un après cette rencontre. Au-delà de ses chansons, ce qui m’a conquise, c’est toute sa démarche, sa façon de travailler. Il contrôlait tout : il travaillait dans son salon et il portait toutes les casquettes. Il était son propre manager, son propre producteur, et il faisait lui-même ses arrangements. C’est cette culture homemade que je trouvais intéressante et c’est, aujourd’hui, notre façon de travailler.
Gregory : Oui, c’est vraiment passionnant. C’est un travail qui se construit sur le long terme. De la production à la diffusion, nous maîtrisons tout. Nous avons installé notre studio chez nous.
Votre choix de chanter en anglais vient-il aussi de là ?
S : J’ai une culture musicale essentiellement anglo-saxonne. J’écoute très peu de chanson française. Alors, c’est assez naturel pour moi d’écrire en anglais.
Pouvez-vous nous expliquer qui fait quoi ?
G : Sylvie compose la musique et écrit les chansons. Je fais des propositions et je participe aux arrangements. Je suis le batteur du groupe et, pour notre EP, nous avons invité d’autres musiciens. Il y a Clément Landais, le bassiste, Matthieu Fallet, au clavier et à la guitare et Julien Lafillé, guitariste. Nous avons aussi eu la chance de pouvoir travailler avec Tony Lash, qui a joué avec Eliott Smith et mixé son premier album. Nous avons pu le rencontrer grâce à un ami musicien, lorsqu’il est venu mixer des titres pour le groupe Tahiti 80 au Kalif.
S : Samuel Navel, un ingénieur du son qui travaille entre autres avec Cascadeur, a aussi participé à l’enregistrement et aux arrangements. Cela m’a permis de découvrir une nouvelle façon de travailler.
G : Nous jouons aussi tous les deux dans d’autres groupes. Souinq pour moi et Sylvie joue avec Houston et Appolo. La musique, c’est vraiment notre vie. Je suis intermittent du spectacle et Sylvie est professeure de guitare.
Sylvie, où puisez-vous votre inspiration pour écrire ?
J’écoute beaucoup de musique, je lis, je regarde des films. Je suis beaucoup influencée par les Beatles. En ce moment, j’écoute Radiohead et je me dis que je pourrais faire comme ça. J’essaye de trouver des sons avec une boîte à rythme et d’autres instruments. J’enregistre tout au fur et à mesure. Je pense que cette étape fait partie du processus de création, que le côté technique alimente la musique. Des sons peuvent naître de certains accidents. Pour notre EP, j’ai essayé de m’approcher des albums d’Elliott Smith.
Je compose toujours d’abord la musique et, pour les textes, je pars d’une vague idée, d’un sujet. Ils sont assez autobiographiques. C’est difficile de ne pas parler de ce qui nous touche.
Pour enregistrer votre EP, vous avez fait appel au public. Quelle était votre motivation ?
G : Nous avons choisi de passer par Microcultures, un label participatif indépendant qui implique les fans dans le financement de ses projets. Il est spécialisé dans la musique pop folk et il vise un public sensible à ce style de musique. Cela a été une expérience très intense. Il fallait faire vivre cette campagne avec des teasers, des films d’animations… Le départ a été timide, mais, au final, nous avons eu 63 contributeurs et nous avons dépassé la somme prévue. Cela nous a permis de faire aussi des vinyles. En contrepartie, nous avons proposé, entre autres, des dîners concerts. Nous en avons organisé un à la maison avec une mise en scène. Là aussi, c’est un modèle qui correspond entièrement à notre mode de vie. C’est une filière courte, qui permet de passer directement du producteur au consommateur.
Vous avez aussi créé votre propre label. Vous passez du côté de la production pour le groupe Uptown jazz trio, un univers différent du vôtre. D’autres groupes à venir ?
G : C’est un groupe dans lequel je joue aussi. Avec ce label, on souhaite réaliser des productions collector à tirages limités. Il y aura le deuxième disque d’Xo !
S : Nous avons des projets d’enregistrements, de concerts. Nous souhaitons travailler avec des artistes indépendants, qui partagent la même vision que nous. Des artistes qui recherchent la qualité avant tout. Je suis très sensible à la sincérité de leurs démarches et de leurs intentions.
G : Nous avons aussi monté un collectif « Le choc des ondes », qui rassemble des artistes d’univers différents. On souhaite créer une collision entre différents styles et différents publics, en décloisonnant les univers musicaux.
S : En France, on nous colle des étiquettes. Nous, on écoute et on aime différents styles de musiques. On aimerait que le public s’ouvre à ça, qu’il aille vers des styles qui lui sont inconnus.
Vous venez bientôt interpréter vos chansons à la bibliothèque de Saint-Sever. Est-ce un univers qui vous est familier ?
S : J’ai déjà joué en bibliothèque et je trouve ça génial. Le rapport au public est différent. C’est plus intime, on les voit. Les gens qui viennent ont une vraie démarche. Ils sont curieux, attentifs et cela permet d’échanger avec eux.
G : J’ai travaillé en médiathèque. Je trouve tout à fait normal que ce soit un lieu dans lequel il y ait une vie culturelle. On y trouve un public plus familial et cela crée une ambiance très différente des salles de concert. Nous aimons beaucoup cela. Nous faisons, par ailleurs, des concerts privés chez les gens.
C’est aussi un challenge technique. Cela demande de s’adapter aux contraintes du lieu, de l’acoustique, tout en restituant les chansons. A Saint-Sever, nous serons trois : une batterie, une basse et une guitare pour accompagner les chansons. Le public pourra aller plus loin et découvrir qui est Elliott Smith, par exemple.
Quels sont vos projets à venir ?
G : Nous travaillons beaucoup au développement du collectif. Cela nous tient à cœur.
S : Nous sommes partis cet été à Montréal où j’ai pu jouer en solo. Je vais continuer à écrire. J’ai besoin de faire ça. Nous sommes contents des retours sur ce que nous faisons. C’est notre vie. Il n’y a plus de barrières entre le professionnel et le privé.
Agenda :
Concert de Xo
Dans le cadre de Chants d’Elles, Festival de la chanson de femmes
Bibliothèque Saint-Sever
Samedi 12 novembre 2016 à 15h
Tout public
Entrée libre
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