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Pendant des années, je n'ai pas osé aller chez un médecin pour ne pas montrer mon corps, mutilé de toutes parts.Pendant des années, je n'ai pas osé aller chez le dentiste, parce qu'ouvrir la bouche et sentir des mains près de mon cou provoquait des crises de panique. Comme lorsque mon frère voulait m'immobiliser ; comme lorsque les violeurs de rue me faisaient taire.Les quarante premières années de ma vie ont été des années barbares. Effroyables. Suffocantes.Je veux réussir les quarante à venir.

J'étais venue à L.A. pour oublier, pour aller mieux. Je vais encore plus mal qu'avant. Cameron m'a brisé le coeur, la mort de Rosie m'a achevée... Et pourtant je dois continuer. Continuer à vivre dans cette colocation où plus rien ne va, à fermer les yeux devant les cachotteries d'Evan et de Cameron, à craindre le jour où lace se vengera. J'ai peur, je suis perdue.

« Je suis l'enfant de personne.  Mes papiers d'identité sont faux.  Aucun nourrisson nomme Surangi n'est ne a l'hôpital Kalubowila dans la banlieue de Columbo le 19 septembre 1985 ni dans les semaines précédant et suivant ce jour. Pas même dans un établissement alentour.  Le numéro de registre sur mon certificat ne correspond a rien.On m'a donc volée. Ou vendue. Ai-je e te créée pour alimenter un réseau d'adoption ? Suis-je la conséquence d'un viol ?  En 1985, j'ai e te adoptée par un couple de Français. Au Sri Lanka.Ce livre est mon histoire. »

" J'ai attendu de nous savoir solides pour reprendre la plume. J'ai alors tenté de consigner les mues, cette écume du changement, depuis la perte de tous les repères jusqu' à cet instant où le ciel se dégage, presque d'un coup. C'est là que vient la vie, après. " Antoine Leiris a perdu sa femme le 13 novembre 2015 au Bataclan. Vous n'aurez pas ma haine, son précédent livre, racontait les jours d'après, pour lui et son fils Melvil. Quatre ans plus tard, tous deux ont changé et grandi.