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L'histoire sociale doit souvent dépasser les évidences des fonds administratifs et s'ingénier à inventer d'autres sources, des types de documents nouveaux qui permettraient d'aller plus avant dans ses enquêtes, de dissiper des obscurités matérielles ou spirituelles des vies disparues. Des pièces d'archives banales, méprisées à l'ordinaire, recèlent peut-être des bribes du passé de personnes nées et mortes sans éclat, vivant aux frontières de la misère, de l'illettrisme, condamnées à une sorte de nullité historique.

Un conflit public, souvent passionné, a surgi ces trente dernières années entre l'histoire, science du passé menée par les historiens, et la mémoire, célébration du passé par les vainqueurs et les victimes, et organisé par les Etats. Pour faire bref : une polémique a surgi du fait que Ricoeur a été accusé de minimiser le rôle du génocide des juifs (Shoah), ou de ne pas marquer assez la singularité de la Shoah.

Véritable temps fort de l'histoire sociale havraise et française du début du XXe siècle, l'Affaire Durand ou, comme l'avait surnommée René Coty, « l'affaire Dreyfus du pauvre », éveille encore de nos jours de vives passions. Force est de constater que l'écho du calvaire vécu par ce jeune charbonnier, représentant syndical, condamné à mort pour un crime qu'il n'avait pas commis, résonne encore localement, un siècle après sa réhabilitation.

R. Yade-Zimet expose les aspects de la question noire dans la France d'aujourd'hui. Des squats qui brûlent aux banlieues qui flambent, en passant par la mémoire de l'esclavage et la naissance d'un communautarisme noir, la France peut-elle réussir à échapper à la question noire ?