Confiscations Révolutionnaires

1793 : Perquisition dans les monastères. Effet collatéral de la Révolution, on fait un sort aux établissements ecclésiastiques et on récolte le contenu de leurs bibliothèques. Pour Rouen et les alentours, c’est Dom Gourdin, bibliothécaire de l’abbaye de Saint-Ouen, qui enfilera le costume d’ « huissier ».

Une « tournée » fondatrice;

Quand Dom François-Philippe Gourdin est missionné par la Convention visiter toutes les maisons religieuses du département et faire transporter à Rouen, tous les livres et œuvres d’art, il entame une « tournée générale des bibliothèques » qui le conduit de Saint-Ouen à Saint-Wandrille, de Jumièges à Fécamp, de Beaubec au Bec, de Boscherville à Eu, de Foucarmont à La Noe, du Tréport au Valasse, en passant par Valmont. A Rouen, étape capitale, il visite notamment le chapitre de la Cathédrale, l’Archevêché, et d’anciens couvents (Augustins, Capucins, Carmes, Chartreux…). Il récolte alors de quoi poser les bases solides d’une bibliothèque municipale. A ces premières ponctions cléricales, s’ajoutent des saisies civiles, réalisées à la bibliothèque des avocats au Parlement de Normandie, à la bibliothèque de l’Académie des sciences, belles lettres et arts de Rouen, ainsi qu’à la bibliothèque des Echevins. 

 Dom Gourdin, l’huissier-intérimaire redevenu bibliothécaire;

Après sa grande tournée régionale, Dom Gourdin prend la charge de cet embryon de bibliothèque. En bibliothécaire municipal émérite, 1er du nom à Rouen, il inventorie, classe, rédige le catalogue des ouvrages et emprunte « aux libraires » une classification thématique en  5 grandes familles :

  • A pour… la théologie,
  • E pour… la jurisprudence,
  • I pour… les sciences et les arts,
  • O pour… les belles lettres,
  • U pour… l’histoire.
 
Aujourd’hui, le fonds des confiscations révolutionnaires ne jure encore et toujours que par ces voyelles. Il s’est installé dans le magasin « orange » !